« …Vaste, profond et en perpétuel mouvement… » : Denis Hains reçoit un Doctorat Honoris Causa (D.H.C.)

Denis Hains, Doctor Honoris Causa, Geomatics Sciences

Lien vers la version anglaise ici

Après avoir reçu le prix Sam-Masry 2024, Denis Hains est une fois de plus honoré, cette fois par la plus haute distinction académique de lUniversité Laval, célébrant une vie consacrée au bleu de notre planète bleue.

Le 25 juin 2025, l’Université Laval a décerné un Doctorat Honoris Causa en sciences géomatiques à Denis Hains, célébrant ainsi une vie de leadership et de défense des intérêts en hydrographie, en cartographie des océans et dans le domaine hydrospatial. Cette distinction survient un an seulement après que M. Hains a reçu le Prix Sam-Masry 2024 de l’Association canadienne d’hydrographie (ACH), une reconnaissance relatée dans une série d’articles en deux parties explorant son parcours professionnel et son impact durable sur la communauté de géospatiale marine.

Cet honneur à l’Université Laval est porteur d’une profonde émotion pour Denis Hains, diplômé de la même institution il y a 42 ans. Dans son discours d’éloge prononcé lors de la cérémonie de remise des diplômes, la professeure Sylvie Daniel, Directrice du Département des sciences géomatiques, a décrit l’œuvre de sa vie comme bien plus qu’une carrière: « En somme, Denis Hains, ton parcours est à l’image de l’océan: vaste, profond et en perpétuel mouvement. »

Dans cet entretien exclusif, Denis Hains revient sur ce que cet honneur signifie pour lui, sur la façon dont sa philosophie a façonné ses contributions et sur l’avenir qu’il envisage pour les sciences hydrospatiales. On y retrouve des échos de son puissant discours de remise des diplômes, qu’il aurait intitulé, si on le lui avait demandé, « L’être humain 101 ».

De gauche à droite – Madame Monique Richer, secrétaire générale, Université Laval; Denis Hains, Docteur Honoris Causa, Sciences Géomatiques; et Madame Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval.

Conversation: Réflexions de Denis Hains, D.H.C.

Félicitations pour l’obtention d’un doctorat honorifique « Honoris Causa » de l’Université Laval, une reconnaissance profondément significative de vos contributions de toute une vie. Que représente cet honneur pour vous, tant sur le plan personnel que professionnel, à ce stade de votre parcours?

Je suis profondément touché et honoré par cette distinction inattendue. Jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais imaginé recevoir un doctorat honorifique. Cette reconnaissance exceptionnelle de mes contributions aux sciences géomatiques dépasse de loin tout ce que j’aurais pu imaginer. Recevoir cet honneur de l’Université Laval, une institution francophone mondialement reconnue et mon alma mater, 42 ans après l’obtention de mon diplôme, me remplit d’une immense fierté et d’une profonde gratitude. Je n’ai jamais recherché une telle reconnaissance et je ne m’attendais certainement pas à une telle ampleur. C’est une reconnaissance profondément touchante qui ravive ma passion de continuer à faire progresser et à inspirer l’innovation hydrospatiale et géospatiale dans le monde entier. Comme je l’ai dit lors de la cérémonie, « la vie passe vite, profitez de chaque instant. » Recevoir cette distinction me rappelle que je vieillis peut-être, mais que je suis loin d’avoir fini.

De votre poste d’hydrographe général du Canada à la direction de H2i Inc. et à votre contribution à Seabed 2030 et à d’autres initiatives, votre carrière a façonné la cartographie des océans à l’échelle nationale et internationale. Quelle est, selon vous, votre contribution la plus durable au domaine hydrospatial?

Avec le recul, je crois que ma contribution la plus marquante a été de contribuer à faire évoluer notre façon de concevoir la cartographie des océans, en passant d’une collecte centrée sur les données bathymétriques à une approche beaucoup plus large et intégrée. Les sciences hydrospatiales englobent tout le « bleu » de nos sciences de notre planète bleue: la colonne d’eau, le sous-sol marin, la surface océanique, les côtes, les zones inondables, etc. La professeure Daniel a dit quelque chose qui m’a profondément touché dans son éloge envers moi: « Vous avez rompu avec les sentiers battus et tracé des directions originales. » C’est exactement ce que j’ai essayé de faire: redéfinir ce que l’hydrographie pourrait devenir. Aujourd’hui, la réflexion hydrospatiale favorise des décisions plus éclairées, une gestion durable des ressources et une collaboration mondiale. C’est à ce changement de perspective que je suis le plus fier d’avoir contribué.

Vous défendez le domaine hydrospatial depuis des années. Voyez-vous ce doctorat honorifique comme un signe de reconnaissance accrue des sciences hydrospatiales dans les milieux universitaires et politiques?

Absolument. Bien qu’il s’agisse d’un grand honneur personnel, je considère cette reconnaissance comme un signal fort que les sciences hydrospatiales gagnent l’attention qu’elles méritent, dans le monde universitaire, les politiques, l’industrie et la pratique. Si mon rôle d’ambassadeur a contribué à ouvrir les esprits à cette science en pleine évolution, j’en suis profondément reconnaissant. Cela reflète une prise de conscience croissante que la compréhension de nos océans, de nos côtes et de nos eaux intérieures est essentielle, non seulement pour les scientifiques, mais aussi pour notre avenir collectif. Comme je le mentionne fréquemment « la Terre a deux poumons, l’un vert, l’autre bleu ». Bien qu’il soit plus de deux fois plus grand que le poumon vert, le poumon bleu a longtemps été sous-estimé. Cela commence à changer.

Vous avez consacré une grande partie de votre carrière à établir des ponts entre le gouvernement, le milieu universitaire, l’industrie, les organismes sans but lucratif et les communautés d’intervenants grâce à des initiatives comme le Réseau canadien de recherche et d’éducation en cartographie des océans (COMREN). Quelles leçons de leadership partageriez-vous avec la prochaine génération de scientifiques hydrospatiaux?

La collaboration est primordiale. Les véritables progrès se produisent lorsque nous écoutons et que nous nous engageons au-delà des frontières. Aucun secteur, ni le gouvernement, ni le milieu universitaire, ni l’industrie ni les organismes sans but lucratif, ne peut résoudre seul les défis d’aujourd’hui. Mon conseil à la prochaine génération? Restez curieux. Développez votre réseau, continuez de l’entretenir et de l’accroître. Accordez autant d’importance aux relations qu’aux résultats. Dans mon discours de remise des diplômes, j’ai parlé de l’importance de rester fidèle à ses valeurs et d’être actif, et non seulement réactif. « Ayez une stratégie. Soyez patient. Soyez tenace. Et restez toujours gentil. »Le leadership ne consiste pas à avoir toutes les réponses, mais à rassembler les gens, à instaurer la confiance, le respect et à créer un espace pour des solutions communes. C’est ainsi que nous créons une dynamique et progressons avec impact. 

Cette reconnaissance survient durant une période de transformation rapide grâce à l’intelligence artificielle (IA), à l’automatisation et aux données ouvertes. Qu’est-ce qui suscite le plus d’enthousiasme pour l’avenir du domaine hydrospatial, et plus particulièrement dans le rôle du Canada?

La cartographie des océans et le domaine hydrospatial traversent une période passionnante! La convergence de l’IA, des plateformes autonomes aériennes, de surface et sous-marines, et des données ouvertes, transforme le champ des possibilités, le rendant plus rapide, plus intelligent et plus inclusif. Ce qui me passionne le plus, c’est le passage d’ensembles de données limités à des systèmes intelligents connectés, en temps quasi-réel et en temps réel, capables de véritablement soutenir les mesures océaniques mondiales. Le Canada a une voix forte à faire entendre. Fort de notre vaste territoire marin, de nos trois océans, dont les défis de l’Arctique, d’une communauté scientifique solide et d’un engagement profond envers la collaboration; au Canada, nous sommes particulièrement bien placés pour jouer un rôle de chef de file, non seulement en matière de technologie, mais aussi pour façonner des approches durables de la cartographie des océans dans le domaine hydrospatial. Je suis enthousiasmé par le potentiel à venir et particulièrement fier de voir le Canada aller de l’avant avec innovation et détermination. La prochaine vague de progrès est déjà là, et nous avons tout ce qu’il faut pour la traverser avec succès et impact. 

 Quel message souhaiteriez-vous transmettre, non seulement à la communauté hydrospatiale, mais aussi à tous nos lecteurs, sur la compréhension et la protection du bleu de notre planète bleue?

Je souhaite contribuer davantage, non seulement à la communauté hydrospatiale, mais à tous ceux qui partagent cette planète, et en particulier le bleu de notre planète bleue. Mon message est simple, mais essentiel: ce qui se trouve sous la surface de l’eau est important, même si nous ne pouvons ni le voir, ni le toucher. L’océan est vivant. C’est un système dynamique qui nous soutient tou.te.s. J’ai dit dans mon discours que la réussite dans la vie ne se définit pas par des titres ou des salaires, mais par la façon dont nous restons ancrés dans la famille et les valeurs. Cela s’applique également à l’océan. Nous devons y rester ancrés, mieux l’évaluer, le protéger plus judicieusement et construire une relation fondée sur la compréhension, et non sur une exploitation aveugle. Nous avons tou.te.s un rôle à jouer dans cette gestion et cet enjeu.

 

***PRENEZ LE TEMPS DE REGARDER l’éloge en l’honneur et le discours de Denis Hains dans leur intégralité sur YouTube Collation des grades 2025-06-25 15h30, à partir du temps 00:59:20. Les sous-titres sont disponibles dans la langue de votre choix via les options « Sous-titrage » et « Paramètres » de YouTube, préférablement sur un ordinateur, car ceci ne fonctionne pas toujours bien sur un téléphone intelligent.

Benedicta Antwi Boasiako

Benedicta Antwi Boasiako

Benedicta Antwi Boasiako, with a background in Geomatic Engineering and experience spanning remote sensing, GIS, and environmental management, explores how technology can bridge science and society. Through her writing with GoGeomatics Canada, she highlights innovations shaping our understanding of the planet and the people working to protect it. Beyond mapping and analysis, she is driven by a vision to make geospatial knowledge more accessible and inspiring for the next generation.

View article by Benedicta Antwi Boasiako

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*